dimanche 19 octobre 2008

Le Rwanda : un pays francophone ?

La langue française est à l’honneur aujourd’hui. Le XIIe sommet de la Francophonie s’ouvre à Québec (Canada) en présence de 69 chefs d’Etat et de gouvernement. Les présidents ivoirien et rwandais, Laurent Gbagbo et Paul Kagamé, seront absents. Si le français est bien enraciné en Côte d’Ivoire, sa disparition semble programmée au Rwanda.
« Partout où je passe dans le monde, la demande de français est grande. », déclare dans L’Express Abdou Diouf, le secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (photo). Pas au Rwanda, apparemment. Alors que s’ouvre aujourd’hui le XIIe sommet de la Francophonie à Québec, la ministre rwandaise de l'Education Daphrose Gahakwa vient d’annoncer que l’enseignement secondaire et universitaire serait désormais dispensé en anglais exclusivement. Cette décision rapproche un peu plus ce pays de 9 millions d’habitants du Commonwealth, équivalent anglophone de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Candidat au Commonwealth, le Rwanda compte obtenir son adhésion lors du prochain sommet prévu pour novembre 2009 à Tobago.
Selon l’OIF, 200 millions de personnes parlent le français dans le monde et 32 Etats ont choisi le français comme langue officielle. Neuf millions d’habitants pèsent lourd dans la francophonie. Comment en est-on arrivé là ?
Pour être exact, l’anglais est une des trois langues officielles du Rwanda, les deux autres étant le kinyarwanda et le français, depuis 1996. Il a accédé à ce statut suite à une révision constitutionnelle rendue nécessaire par le retour massif des exilés tutsis de l’Ouganda anglophone. Exilés dont fait partie l’actuel président Paul Kagamé. Ce dernier ainsi qu’une partie de son entourage font l’objet de mandats d’arrêts émis par le juge français, Jean-Louis Bruguière. Le dirigeant rwandais est accusé par le juge d’avoir commandité l’attentat contre l’avion de son prédécesseur Juvénal Habyarimana en 1994. Cet attentat est reconnu comme l’élément déclencheur du génocide.
Les mandats d’arrêts expliquent-t-ils l’accélération du recul du français au Rwanda ? Une chose est certaine : leur délivrance a provoqué en novembre 2006 la rupture des relations diplomatiques entre le Rwanda et la France. Depuis, des rencontres plus ou moins officielles ont eu lieu au plus haut niveau, la dernière datant de septembre dernier entre le président français Nicolas Sarkozy et son homologue rwandais. Le Rwanda pauvre en ressources naturelles ne présente aucun enjeu économique particulier pour la France. Il n’est donc pas une pièce maîtresse du pré carré français. Seul le besoin de conserver sa zone d’influence et de se laver des accusations de complicité dans le génocide lancées par le gouvernement rwandais peut expliquer le zèle déployé par la France pour retrouver les bonnes grâces de ce pays. Ces tentatives de rapprochement se sont avérées à ce jour sans effet. Le Rwanda est officiellement encore membre de l’OIF. Pour le moment.

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